Réseaux Sociaux : abonnez-vous, likez, partagez, commentez et ... faites-vous piller !

Ah, les réseaux sociaux... Ces merveilleuses plateformes qui nous promettent amour, amitié et connexion universelle en échange d'un simple clic, d'un simple like, ou mieux encore, d'une subtile vidéo TikTok de dix secondes.

La newsletter d'Audrey
3 min ⋅ 06/04/2025

Derrière leurs nobles promesses humanistes se cache pourtant le plus grand braquage de notre époque : celui de nos données personnelles et du moindre milligramme de notre attention disponible.

Car oui, chers lecteurs, ensemble, nous représentons des milliards de dollars pour les géants numériques que sont Meta, TikTok, YouTube, X ou Snapchat. Ces plateformes sont passées de simples startups sympas dans un garage (californien ou pas) à de véritables monstres tentaculaires qui contrôlent notre temps, façonnent nos idées et envahissent notre quotidien, non seulement économiquement, mais aussi politiquement et culturellement. Vous pensiez simplement poster une photo de votre brunch ? Vous voilà acteur (involontaire) d’un jeu qui vous dépasse largement.


🔍 Petit rappel utile : À qui appartient votre temps de cerveau disponible ?

Instagram, Threads et YouTube

Au cas où vous auriez vécu dans une grotte ces dernières années, le web mondial est essentiellement sous le contrôle d'une poignée de géants américains surnommés affectueusement les « GAFAM » (Google, Apple, Facebook – désormais Meta –, Amazon, Microsoft). Ainsi, Instagram et Threads sont sous la tutelle de Meta, et YouTube appartient tranquillement à Google. Ces acteurs privés sont désormais aux commandes de la diffusion mondiale de l'information. Rien que ça.

TikTok, X (ex-Twitter) et Snapchat…

Créée en 2017, TikTok ne fait pas partie du fameux club GAFAM mais appartient à ByteDance, une entreprise chinoise. Par ailleurs, détail ironique, TikTok n'existe pas vraiment en Chine, où la plateforme s’appelle Douyin et obéit sagement aux règles draconiennes de censure de Pékin. Liberté d’expression, dites-vous ?

Quant à X, anciennement Twitter, ce réseau social « indépendant » (vous avez ri ? nous aussi.) appartient depuis 2022 au très fantasque milliardaire Elon Musk, qui semble considérer les règles éthiques comme un frein inutile à son génie entrepreneurial. Snapchat, lui, continue courageusement sa route indépendante, entre deux polémiques sur la protection des données des ados.


🎰 Algorithmes ou la Grande Manipulation

Au cœur de ce joyeux bazar numérique, se trouvent nos amis les algorithmes, ces jolies lignes de code censées améliorer votre expérience utilisateur. La réalité ? Ils orientent subtilement vos choix, façonnent votre vision du monde et maximisent votre addiction. Le scandale Cambridge Analytica en 2016, où Facebook a contribué à placer Trump à la Maison Blanche, n’est que la pointe visible d'un immense iceberg algorithmique. Ces algorithmes préfèrent généralement une fake news sensationnelle à une information vérifiée plus ennuyeuse. Cohésion sociale ? Respect de la vérité ? Bien sûr, mais seulement si cela rapporte de l’argent.

Comme le souligne ironiquement Nelly Garnier dans son livre : « La démocratie du Like : et si les réseaux sociaux avaient pris le pouvoir ? ». Bonne question Nelly, excellente question.


⚖️ Réguler les Big Tech : Mission impossible ou jeu perdu d’avance ?

Alors évidemment, il faudrait les réguler, protéger nos données et préserver notre chère démocratie. Mais soyons réalistes deux secondes :

  • Problème numéro un : Les Big Tech possèdent une armée de lobbyistes capables d’influencer quasiment n'importe quel cadre réglementaire ou décision politique.

  • Problème numéro deux : Les normes fixées par ces géants deviennent rapidement des standards universels, limitant fortement la capacité d’intervention autonome des États.

Le RGPD, le Digital Services Act ou l’IA Act sont de beaux efforts européens pour calmer ces monstres digitaux, mais la bataille entre éthique et innovation ressemble de plus en plus à David contre Goliath, sauf que Goliath a acheté la fronde et breveté les pierres avant même le début du combat. Parce que oui, ces géants du numérique investissent dans l’innovation et nous ne pouvons déjà pratiquement plus nous en passer.


🦾 Dompter les algorithmes : mission suicidaire ?

Asma Mhalla, dans son livre « Technopolitique », note avec une lucidité cruelle que la « centralisation du contrôle » est probablement impossible face à l'hyper-personnalisation algorithmique actuelle. Autrement dit, nos systèmes judiciaires et démocratiques semblent déjà dépassés par ces intelligences artificielles surpuissantes.

Aurélie Jean propose pourtant de « dompter les algorithmes ». Un cadre réglementaire rigoureux, des exigences de transparence, une obligation d’explicabilité... Tout cela semble séduisant sur papier. En pratique ? Bonne chance pour expliquer un algorithme opaque conçu pour maximiser l'engagement au détriment de la raison.

Une chose est sûre : sans une éducation sérieuse aux nouvelles technologies et au fonctionnement réel de ces plateformes, ainsi qu’un minimum d’esprit critique, nous resterons des moutons numériques consentants, naviguant naïvement entre publicités ciblées et contenus douteux.


À la semaine prochaine, pour d’autres aventures digitales trépidantes et toujours aussi inquiétantes !

Votre humble chroniqueuse numérique

Quelques condamnation de nos réseaux préférés :

Méta : condamnés à 797,72 millions d’euros pour concurrence déloyale en novembre 2024.

X : une amende de plus d’un milliard de dollars serait en cours. Il est reproché à la la plateforme d'Elon Musk ne pas suffisamment lutter contre les contenus illégaux et la désinformation.

Tiktok : L’Italie condamne TikTok à une amende de 10 millions d’euros pour avoir laissé prospérer des vidéos « menaçant la sécurité des mineurs »

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